Les risques du perfectionnisme et les bienfaits de l'optimalisme

Le perfectionnisme est le mal des sociétés modernes, notamment dans les grandes villes ou les grandes entreprises où la performance et la rapidité sont de mise. Il se manifeste le plus souvent par la peur de l’échec, le sentiment écrasant d’être une mauvaise mère, une mauvaise épouse ou un employé médiocre, de ne pas être assez belle ou intelligente, de ne pas faire assez de sport, de ne pas assez lire …  

 

Tal Ben Shahar, écrivain et ancien enseignant à l’université de Harvard en psychologie, l’a particulièrement étudié, notamment dans son livre « L’apprentissage de l’imperfection ». 

Le point de départ du perfectionnisme, notamment quand il est poussé à l’excès, est une peur incroyable de l’échec : la croyance qu’il existe une voie royale, une voie parfaite, la seule, celle dont il ne faut absolument pas s’éloigner sous peine d’être jugé, exclu voire même de disparaître. Comme le dit justement Tal Ben Shahar : « C’est oublier que dans la vie, l’échec est inévitable. C’est même un aspect crucial de toute existence réussie. » C’est en tombant des milliers de fois qu’on apprend à marcher enfant, en babillant et sortant des sons incompréhensibles qu’on apprend à parler ou en gribouillant en dehors du cadre qu’on apprend progressivement à colorier à l’intérieur. « Si l’on n’apprend pas à échouer, on échoue à apprendre ». On échoue à apprendre car on échoue à faire des efforts, à s’ajuster, à progresser et donc à en tirer de la fierté, à renforcer sa confiance en soi.

 

Car persister dans la voie d’un trop grand perfectionnisme peut contribuer à la dépression, au burn-out et à tous les troubles anxieux en général. Mais cela impacte aussi les troubles alimentaires, les troubles sexuels ou … l’éducation.

 

En effet, les perfectionnistes ont tendance à se comparer à autrui ou à des normes idéalisées et se créent ainsi une mauvaise image d’eux-mêmes, tant mentalement que physiquement. Or, un adage le dit bien : « Qui se compare s’accable ! ». Leur auto-critique peut tourner en boucle, de jour comme de nuit, aussi bien au sujet de leur vie personnelle que professionnelle. En outre, ils courent le risque d’être trop sévères envers leur corps, leur performance sexuelle ou celle de leur partenaire, refusant toute imperfection de leur corps, et étant uniquement focalisé sur l’orgasme en oubliant le plaisir des préliminaires ou le plaisir du temps à deux. Les perfectionnistes sont aussi plus sujets aux troubles alimentaires, car ils ont une vision manichéenne du corps : on peut soit être gros, soit être maigre. Et dans la quête, impossible, de la maigreur, ils s’imposent des régimes draconiens et intenables, qui peuvent les faire basculer dans l’anorexie ou au contraire la boulimie. Concernant l’éducation enfin, ils veulent tellement être des bons parents qu’ils peuvent se surinvestir dans l’éducation de leurs enfants. En mettant trop de pression, en faisant à la place, en expliquant beaucoup trop ou en empêchant les enfants de comprendre et ressentir les conséquences négatives d’un acte. Tout cela part d’une bonne intention au départ mais peut créer des angoisses à terme chez l’enfant, des conflits au sein de la famille, ou, tout simplement, un épuisement parental.

 

Tal Ben Shahar encourage donc les « perfectionnistes » à l’excès, ceux qui se perdent dans les détails, ceux qui ne se concentrent que sur leurs défauts ou leurs échecs, à devenir « optimalistes », c’est-à-dire à accepter l’échec et la nuance dans le succès ou l’échec. Son travail a été en partie repris et vulgarisé par Florence Servan Schreiber dans son livre "3 kifs par jour". 

 

 

Pour devenir « optimaliste », Tal Ben Shahar recommande 4 changements principaux :

  • Tirer des leçons de ses échecs : Tenir un journal de ses échecs, de ce que l’on a mal fait, des raisons ou croyances qui nous y ont poussés et, surtout, ce que l’on pourrait faire à la place
  • Mettre l’accent sur l’effort plus que la réussite, car l’effort est une variable sur laquelle on a plus de contrôle, et qui, encore une fois, permet de s’ajuster en cas d’échec et de continuer à progresser
  • Accepter la réalité, dont la maladie ou le deuil : Dans la mesure où les perfectionnistes mésestiment leurs succès, échanger avec d’autres permet de changer de perspectives. Comprendre les étapes et la compensation d’un malheur (burn-out, maladie ou deuil) : comprendre qu’il est normal de nier l’événement puis d’en ressentir un chagrin intense, que ces étapes sont nécessaires pour s’adapter à la réalité nouvelle et redémarrer, que des habitudes ou manières de vivre doivent être brisées pour ouvrir un nouveau chapitre de sa vie.
  • Accepter ses émotions et celles des autres : peur, colère, culpabilité, honte, jalousie…. Ce qui suppose déjà de les connaître et de les reconnaître. De comprendre leur rôle (car elles sont là pour indiquer la voie du changement nécessaire en nous et au sein de nos relations). De comprendre enfin que les refouler, c’est les démultiplier à terme et c’est risquer des souffrances inutiles à terme sur sa santé mentale ou physique.

     Pour en savoir plus, je vous encourage chaudement à lire le livre de Tal Ben Shahar « L’apprentissage de l’imperfection », car il regorge d’exemples très concrets.

 

 

Si vous souhaitez consulter à ce sujet, n’hésitez pas à prendre RV.

 

 

Carole Aubert, Cabinet paramédical au 1er étage, 71 boulevard de Sébastopol, 75002 Paris